SATISFACTION À L’ÉGARD DU CONTENU À L’ÉCRAN AU CANADA

Pour ce qui est de la satisfaction générale à l’égard du contenu de divertissement actuellement disponible, 38 % à 51 % des participants Noirs, Autochtones et de Couleur se sont dits « plutôt satisfaits », tandis que seulement 20 % ou moins de chaque groupe se sont dits « très satisfaits ». Les participants de l’auditoire Autochtone ont signalé le plus d’insatisfaction avec le contenu de divertissement actuel, 14 % des répondants ont indiqué qu’ils sont quelque peu insatisfaits et 7 % ont déclaré se sentir très insatisfaits.

LA DIVERSITÉ À L’ÉCRAN

Cette étude a permis d’explorer davantage la satisfaction à l’égard du contenu de divertissement sous l’angle de la diversité et de la représentation. En examinant les perceptions et les attentes du public Noir, Autochtone et de Couleur en matière de diversité et de représentation dans le contenu de divertissement, cette étude contribue à un nombre croissant de recherches qui attirent une attention urgente sur l’approche insuffisante et problématique de l’équité, de la diversité et de l’inclusion dans tous aspects du secteur des écrans multimédias au Canada1.

J’admire la pensée et la considération de l’inclusion et de la diversité dans les médias. Je pense qu’il est important de créer cette normalité pour les jeunes et la société au sujet de la culture diversifiée dans laquelle nous vivons. Plus encore à l’heure actuelle où il se passe beaucoup de choses autour de nous. J’aime regarder les émissions Autochtones, mais elles ne sont pas au même niveau de qualité que la plupart, elles sont principalement classées B. Cependant, il contient des éléments intéressants, quelle que soit leur qualité. (Femme, 45-54, Autochtone)
Beaucoup de choses ont changé. C’est bien pour ma fille de se voir sous un jour positif représenté à la télévision. Même si ce n’est pas un autre enfant ou une jeune fille – une autre Personne de Couleur de tout âge, tout sexe, toute situation dans la vie. Ce sont toujours des choses positives et je suis contente de voir ça. (Femme, 35-44, Autochtone)

La sous-représentation des producteurs, créateurs et autres intervenants Noirs, Autochtones et de Couleur dans les rôles décisionnels du secteur des médias à l’écran au Canada2 revêt une importance particulière pour cette étude, car les perspectives qui occupent ces rôles façonnent le paysage narratif du secteur. Le secteur canadien des écrans de télévision reste dominé par des hommes hétéros, blancs et cis, dont les méfaits continuent d’être mis en évidence de manière critique par des organisations comme l’Indigenous Screen Office (ISO)3 et le Collectif des médias pour l’équité raciale (REMC)4.

Anciennes façons de penser, de parler et de faire. Des générations d’individus ont appris que vous ne pouvez pas respecter ce qui est différent. Vous pouvez vous moquer, détester, ignorer ou, dans de nombreux cas, vous en débarrasser. Je ne peux qu’espérer qu’avec le temps, la façon dont nous pensons à nous-mêmes et aux autres refléterait enfin ce qui est vraiment bon pour notre espèce. Doigts croisés. (Participant d’EyeJournal, Homme, 25-34, Noir)

1    Par exemple : Coles, A., et Verhoeven, D. (2021). Décider de la diversité : COVID-19, risque et inégalités intersectionnelles dans le Industrie canadienne du film et de la télévision. Coalition des femmes en cinéma et télévision Canada (WIFT).

2    Par exemple : Les femmes en vue. (juin 2021). Femmes en vue : Rapport à l’écran; Guilde des écrivains du Canada. (2 021). Équité, Rapport sur la diversité et l’inclusion. WGC.

3    Le Bureau de l’écran Autochtone. (2 019). Un examen du programme Autochtone du Fonds des médias du Canada : Tendances clés, partie prenante Perspectives et orientations futures. Communications MDR.

4    REMC et Fondation Inspirit. (25 novembre 2021). Données sur le financement racialisé dans l’industrie canadienne du film et de la télévision.Nordicité.

PERCEPTIONS DE LA DIVERSITÉ ET REPRÉSENTATION DANS LE DIVERTISSEMENT CONTENU

Une majorité de participants, à la fois à l’enquête quantitative et d’EyeJournal, étaient tout à fait d’accord sur l’importance d’avoir un contenu de divertissement qui représente son origine raciale et culturelle. La plupart des participants ont déclaré vouloir voir une représentation plus large et authentique des différentes origines raciales et culturelles dans le contenu de divertissement (71 % fortement ou plutôt d’accord) et que comment les antécédents raciaux et culturels d’une personne sont représentés est une considération essentielle.

Cette importance a été soulignée, en particulier, pour le contenu pour enfants parmi les participants à l’enquête quantitative et d’EyeJournal. La plupart des participants ont confirmé que les enfants bénéficient de modèles à l’écran qui reflètent leurs origines raciales et culturelles (36 % tout à fait d’accord et 36 % plutôt d’accord), et que la diversité et la représentation importent encore plus lorsque vous regardez du contenu avec ou choisissez du contenu pour les enfants (29 % tout à fait d’accord et 39 % plutôt d’accord).

Mon fils aîné n’a jamais eu confiance en lui, en sa couleur de peau, mais mon fils cadet ne se sent pas différent de son ami blanc. C’est parce que j’ai fait un choix conscient en lui faisant voir un contenu qui reflète qui il est et comment il est normal de ne pas ressembler à la plupart de ses camarades de classe à l’école. (Femme, 45-54, Autochtone).

L’importance d’avoir un contenu diversifié et représentatif disponible, en particulier pour les enfants, était particulièrement critique parmi les participants du public Noir. L’importance d’un contenu diversifié et authentiquement représentatif cité par les participants Noirs signale une urgence et le potentiel d’influencer fortement les comportements futurs. En effet, bien que tous les participants aient convenu qu’ils regarderaient plus de contenu avec une représentation plus large et plus de contenu dans lequel ils pouvaient « se voir » plus fréquemment, les participants Noirs ont montré le plus fort accord entre les deux options.

Quant aux enfants, il pourrait y avoir plus de progrès dans la représentation dans les émissions pour enfants. Disney est un exemple qui est énorme avec les enfants. Il y a beaucoup d’émissions pour enfants que ma fille et d’autres enfants regardent. Alors que certains programmes ont des gens de couleur, ceux-ci sont souvent le « meilleur ami, le voisin, l’acolyte, une partie de la distribution d’ensemble », mais souvent et la plupart du temps, ils ne sont pas le personnage principal de la série. Le programme ne porte pas leur nom et il n’en est pas le chef de file. La seule émission qui me vient immédiatement à l’esprit où une Personne de Couleur était le visage et le nom de l’émission était « That’s so Raven » avec Raven Symone, mais c’était il y a de nombreuses années. (Femme, 45-54, Noire)

Lorsqu’il s’agit de se voir à l’écran, les participants Noirs ont fermement convenu qu’ils regarderaient plus de contenu de divertissement s’ils se voyaient représenter plus fréquemment, soit près du double du nombre des auditoires Autochtones et de Couleur.

Je crains que si mes enfants ne grandissent pas en étant gentils et en acceptant les gens qui ne sont pas comme eux, à l’avenir, il n’y aura peut-être plus de place pour eux. Tous ces enfants d’aujourd’hui l’apprennent si tôt dans la vie que l’absence de tels traits dans leur personnalité peut même signifier qu’ils ne réussiront pas. (Homme, 35- 44, Noir)

Alors que les participants d’EyeJournal, dans l’ensemble, se sont dits préoccupés par les représentations négatives des personnages Noirs, Autochtones et de Couleur, les participants de Black EyeJournal ont davantage décrit le contenu actuel qui centre les stéréotypes nuisibles et les représentations négatives des personnages Noirs. Les participants Noirs ont détaillé comment ces observations renforcent l’importance pour les enfants d’avoir accès à des modèles de rôle forts et authentiques : ce n’est pas seulement l’absence de se voir à l’écran qui est nocif, mais la fausse déclaration de sa ressemblance par la présentation répétée de récits faux, négatifs et souvent violents qui donnent aux enfants une vision contractée de qui ils sont et peuvent être. De plus, les participants d’EyeJournal ont fréquemment fait référence à la façon dont les représentations médiatiques renseignent les auditoires les uns sur les autres, ce qui signifie que les représentations négatives et le renforcement des stéréotypes menacent doublement les publics Noirs, Autochtones et de Couleur, car ils contribuent à une société qui peut accepter ces présentations.

Je trouve que trop souvent les personnages ethniques sont utilisés pour des histoires plutôt négatives comme les gangs, la violence, les abus, etc. Trop souvent, ils sont choisis pour représenter des stéréotypes. Nous ne voyons pas assez de films ou de séries où le personnage principal est ethnique et vit une vie plus positive. En tant que femme Noire, je sais que nous avons plus à offrir que notre douleur et notre traumatisme. (Femme, 25-34, Noire)

COMMENT VA LE CANADA? DIVERSITÉ DANS LE CONTENU ET LA CREATION DU CONTENU

Tous les auditoires Noirs, Autochtones et de Couleur ont déclaré un niveau de satisfaction moindre en ce qui concerne la diversité du contenu de divertissement.

L’insatisfaction à l’égard de la diversité du contenu de divertissement est encore plus faible pour le contenu canadien, particulièrement chez les participants Noirs et Autochtones.

Pour mieux comprendre la satisfaction (ou linsatisfaction) des participants, on leur a demandé d’évaluer l’importance plusieurs aspects du contenu de divertissement dans lesquels la diversité joue un rôle. Pour les participants du public Noir, il était très important que la diversité soit présente chez l’acteur principal (69 %), chez les personnages représentés (67 %) et l’ensemble de la distribution (64 %) de même que dans les intrigues (63 %).

Des priorités similaires ont été signalées par les participants du public de Personnes de Couleur, pour qui les personnages (55 %) étaient les plus importants, suivis des intrigues (53 %) et de l’acteur principal (51 %) et de l’ensemble de la distribution (50 %).

Les participants Autochtones ont mis l’accent sur les scénaristes (42 %), suivis de près par les récits, les acteurs principaux et la diffusion générale (40 %).

Jesse Wente, directeur général de l’Indigenous Screen Office (ISO), souligne que la souveraineté narrative est la clé pour combler le fossé de compréhension entre les Canadiens Autochtones et non Autochtones, soulignant que les peuples Autochtones devraient contrôler leurs propres histoires et les outils utilisés pour les raconter1.

Il explique : « Le Canada investit de façon continue dans sa propre souveraineté narrative. Cela se traduit le plus souvent par l’effacement de l’expression Autochtone dans toutes les formes d’art.2 »

En effet, le pouvoir de raconter des histoires et les préoccupations à l’égard des messages transmis par des récits irresponsables ont émergé dans les entrées des participants d’EyeJournal de l’auditoire Noir, Autochtone et de Couleur. En plus des résultats de l’enquête, particulièrement auprès des participants Autochtones, il est clair que les auditoires reconnaissent et priorisent la relation entre la qualité et l’authenticité de la représentation à l’écran et qui raconte ces histoires.

Je pense que même si nous avons fait des progrès au fil du temps sur les questions de diversité, d’inclusion et de représentation, nous avons encore un long chemin à parcourir malgré le grand bilan qui a eu lieu l’année dernière [2020]. J’ai l’impression qu’il n’y a toujours pas assez de représentation à tous les niveaux, mais de petits progrès sont faits en cours de route. En ce qui concerne les médias, il y a encore beaucoup de préjugés dans la façon dont les Personnes de Couleur sont représentées par rapport à leurs homologues caucasiens dans des scénarios similaires. (Femme, 45-54, Noire)

 
1    Bower, D. (2021). Rédaction de son propre chapitre. Presse gratuite de Winnipeg; Wenté. (2 021). Non réconciliés : famille, vérité et résistance indigène. Allen Lane Canada.
 
2    Sinclair, N. (2021, 22 septembre). Les voix Autochtones changent l’industrie cinématographique. « Le Canada doit s’asseoir, écouter et regarder ».MACLEAN’S.

Une fois ces priorités établies, les participants ont en outre été invités à faire part de leur niveau de satisfaction quant à la manière dont la diversité est représentée dans ces domaines prioritaires dans l’ensemble, et plus spécifiquement, en fonction de leurs propres origines raciales et culturelles.

Les participants ont exprimé des niveaux limités de satisfaction à l’égard de la diversité dans les domaines cibles de création de contenu. Fait important, moins de la moitié des Noirs et des Autochtones ont déclaré être satisfaits de la diversité dans les domaines liés à la création de contenu (c.-à-d. les acteurs principaux, les directeurs et les scénaristes) qu’ils ont priorisés. Autrement dit, les participants Noirs et Autochtones ne sont pas satisfaits dans les domaines qui comptent pour eux.

Les médias mettant en vedette des distributions PANDC avec des créateurs PANDC qui dépeignent des histoires qui ne sont pas traumatisantes ou basées sur la race. La plupart des médias/personnages PANDC ont leur scénario réduit à leur race et à leur appartenance ethnique, donc voir plus d’émissions avec PANDC existant simplement comme dans les émissions avec des personnages blancs. (Femme, 18-24 ans, Noire- Africaine)

Une tendance différente a émergé parmi les publics des Personnes de Couleur, qui avaient tendance à exprimer des niveaux de satisfaction globalement plus élevés dans chaque domaine lié au développement de contenu, en particulier dans les domaines que les participants de Couleur ont indiqués comme étant plus importants.

La prise en compte des préférences des participants à la plateforme d’écoute et de leur satisfaction déclarée à l’égard de la diversité de la représentation dans le contenu offert par ces plateformes donne un aperçu de ces différences.

Comme pour la diversité dans son ensemble, les participants ont exprimé un degré de satisfaction médiocre à l’égard de la diversité du contenu de divertissement offert sur toutes les plateformes. Parmi ces plateformes, les services de diffusion en continu ont reçu les cotes les plus élevées de satisfaction à l’égard de la diversité, tandis que les chaînes spécialisées ont obtenu des cotes nettement inférieures à toutes les autres.

Lorsque l’on considère les différences de niveaux de satisfaction parmi les participants en fonction de la représentation de leur origine raciale et culturelle spécifique, la majorité des publics de Personnes de Couleur, qui ont systématiquement signalé des niveaux plus élevés de satisfaction de la diversité dans tous les domaines de création de contenu, utilisent des plateformes de diffusion en continu pour leur contenu. Ces participants étaient plus susceptibles de déclarer regarder du contenu dans des langues autres que l’anglais ou le français et de choisir du contenu de leur pays d’origine ou de celui de leurs parents. Ces préférences d’affichage vont de pair avec la disponibilité, la variété et la spécificité locale accrues typiques du contenu diffusé en continu.

Il est donc possible que le public des Personnes de Couleur choisisse une expérience de visionnage qui corresponde mieux à ses attentes en matière de diversité et de représentation.

En revanche, les participants Autochtones ont exprimé le plus d’inquiétude non seulement sur qui est à l’écran, mais ce qui est à l’écran et qui crée ce contenu. Les histoires Autochtones représentent beaucoup moins d’offres des médias grand public3, et lorsque ces histoires sont présentées, le développement du contenu n’a pas toujours été dirigé par des créateurs Autochtones (réalisateurs, scénaristes, directeurs). Bien que les participants Autochtones aient signalé des tendances générales similaires en matière d’utilisation de la plateforme, ils ont également signalé une plus grande prolifération des types de plateformes utilisées, notamment la consommation accrue de contenu provenant de sources extérieures, où l’innovation en matière de programmation est plus lente à apparaître.


 
3    Le Bureau de l’écran Autochtone. (2 019). Un examen du programme Autochtone du Fonds des médias du Canada : Tendances clés, partie prenante Perspectives et orientations futures. Communications MDR; voir aussi Sinclair, N. (2021, 22 septembre). Voix Autochtones changent l’industrie cinématographique. « Le Canada doit s’asseoir, écouter et regarder ». MACLEAN’S.